Nous sommes arrivées à Sacramento avec une heure de retard - sur un trajet de deux heures et quart. Disons qu'il y avait pas mal de trafic sur l'autoroute. Nous sommes tout de suite happées par la chaleur en débarquant du bus. Nous avons bien quitté l'île de San Francisco.


Nous nous mettons en chemin vers l'hôtel et pour la quatorzième fois, nous partons du mauvais côté. C'est un peu comme notre loi personnelle, si notre instinct nous dicte une direction - ou si c'est ainsi qu'on interprète la carte de Google - vaut mieux ne pas en tenir compte et partir dans le sens opposé. Nombre de pas gaspillés, vous n'avez pas idée. Sauf que là, il fait 40 degrés et nous traînons nos bagages.


Notre hôtel n'est pas dans un quartier très intéressant, en fait tout ce qu'il y a autour, à part des entrées et des sorties d'autoroute, c'est d'autres hôtels, un Shell, un Mcdo, un Denny's et un restaurant mexicain. On aura essayé chacun de ces établissements pour varier nos repas un brin. J'imagine que c'est pratique si tu as une voiture, mais ce n'était pas notre cas.


L'horaire du transport en commun à Sacramento me fait penser à celui de Rouyn; les autobus passent aux heures, tu as donc intérêt à être synchros ou tu attends longtemps. Et c'est assez stupéfiant aussi à quel point personne ne connait le tarif de ces bus. Vraiment peu populaire...


En route vers notre hôtel sous le chaud soleil californien, nous devons passer sous un viaduc en dessous duquel se reposent des sans-abris. Ils nous saluent à notre passage sans rien nous demander. Nous en croiserons beaucoup sur notre chemin, à l'entrée des restaurants, étendus dans les petits coins d'ombre, transportant leurs avoirs dans des sacs, des chaînes roulantes, des valises. C'est d'une grande tristesse. C'est la même réalité qu'à San Francisco. On les salue à notre tour, se sentant impuissante devant autant de détresse humaine.


Notre hôtel est climatisé (hourra!) et il a une piscine (mal entretenue malheureusement). Le lit est confortable et on peut avoir de la glace pour garder la vin au frais. Difficile de demander mieux.


Nous partons en expédition samedi, direction le Vieux-Sacramento, après un déjeuner fort ordinaire au McDo. Nous réussissons à faire un détour exemplaire pour nous rendre dans le Vieux-Sacramento - on n'utilise pas nos données cellulaires, alors c'est beaucoup d'intuition. Les lieux sont très coquets, digne d'un film de cowboys. Il n'y a presque personne en plus (réjouissance!), mais je comprends vite que la mare de touristes faisait un tour guidé de la ville en train quand ce dernier se fait bruyamment entendre et déverse tous ses passagers parmi nous. 


La plupart des constructions sont des reconstitutions, ce qui atténue un peu le charme de l'endroit. Chaque commerce essaie de vendre quelque chose aux touristes. On navigue de chaque côté de la rue pour demeurer à l'ombre et on feint de s'intéresser aux babioles vendues à des prix épouvantables pour profiter de l'air climatisé. Après une heure, notre visite est pas mal complétée. Nous avons pu visiter un petit musée gratuitement où j'en ai appris sur cette période où la quête de l'or engendrait les plus grandes bassesses. On a aussi pris quelques photos dans une ancienne école, Émilie Bordeleau aurait pu y travailler. Et c'était ça.


Nous avions ensuite comme projet de magasiner, la combinaison AC/nouveaux vêtements m'intéressait beaucoup. Bah nous n'avons jamais trouvé le foutu centre d'achats. On s'est retrouvé dans un centre commercial où tous les magasins étaient "en voie d'ouvrir". Puis, dans un hôtel. Notre quête de restaurants a aussi été bien compliquée. Sacramento compte le plus freaking petit Chinatown ever. Je pense que nous avons mangé dans le seul restaurant asiatique de la ville. Au moins, c'était bon. Encore du thaï.


La journée de notre départ, arrêt chez Denny's. On aurait dû y aller bien avant. Menu très avantageux - que nous n'avons vu qu'une fois notre commande effectuée, bien évidemment. Par la fenêtre du restaurant, une jeune femme afro-américaine se promène d'un feu de circulation à l'autre, traînant avec elle nombre de sacs, une gigantesque peluche en forme d'ours et une valise. Elle fait ses allées et venues en deux étapes, valise, puis tout le reste. En la croisant plus tôt, elle a soutenu notre regard d'un air vraiment désemparé sans rien demander. Elle attend peut-être quelqu'un ou quelque chose. Mais elle demeure à errer près du restaurant durant toute la durée notre repas. Si bien que maman décide de lui offrir nos dernières pancakes. Elle les accepte avec beaucoup de reconnaissance. Pendant que maman les lui livre, un homme vient vers moi. La jeune femme lui aurait raconté avoir été kidnappée. Il s'inquiète pour elle. Nous aussi. Nous la laissons alors qu'elle mange une pancake avec pas mal d'appétit. Qu'est-ce qu'on peut faire de plus?


Plus tard dans la journée, nous sommes en direction du terminus d'autobus quand nous la recroisons sous le viaduc. Maman la regarde et lui sourit. La jeune femme colle ses deux mains l'une contre elle dans un salut respectueux avant de brutalement applaudir à deux occasions. "Ses yeux sont devenus fous", me dit maman. Nous poursuivons notre route. Plus loin, le petit lunch que nous lui avons offert est sur le sol et il a été envahi par les fourmis.


C'est ainsi que nous quittons Sacramento.