Tourouvre n'est pas accessible par train. Je devais me rendre à L'Aigle, puis prendre l'autobus jusqu'à Tourouvre.

À mon arrivée à L'Aigle, je m'informe à la société de transport du coût des billets d'autobus. Le commis n'en a aucune idée, je dois acheter mes billets directement dans l'autobus (il ne s'occupe que des trains). Me voilà donc avec une heure à tuer. La gare de L'Aigle est en construction, je n'ai pas accès aux toilettes, la ville semble pauvre, presque à l'abandon. Je me déplace un peu avec mon sac, mais j'ai trop peur de manquer mon autobus pour vraiment m'éloigner. (J'aurai raté la superbe église de l'Aigle... Il ne faut pas se fier aux apparences, Sophie!)

Mon autobus arrive finalement et je demande à un inconnu le coût du billet. Que deux euros! J'ai décidément quitté Paris. L'homme me demande où je vais et il se trouve que nous allons au même endroit, mais il ajoute que nous attendons en fait l'autre autobus 60. (Donner des numéros différents aux autobus sèmerait sûrement la confusion chez la population...) Nous nous assoyons ensemble et il me parle de son coin (quoiqu'il vienne en réalité de la Bretagne), des villages autour. Il me pose des questions sur le Québec, s'intéresse pour vrai aux réponses. Sans se moquer, j'entends. Notre conversation me fait du bien, pas seulement parce que le départ de Mel m'a un peu déprimée, mais aussi parce que j'ai enfin rencontré un Français sympa durant mon voyage. L'autobus s'arrête devant une école secondaire. Nous attendons là quelques minutes, des étudiants embarquent. Je me rends compte que ce bus joue tous les rôles. Sur la route, des champs à perte de vue, mais aussi de grandes forêts. François Provost n'a pas dû être déstabilisé en arrivant en Nouvelle-France... Ou du moins, pas trop!

Tourouvre, comme le dit l'affiche à l'entrée de la ville, est une ville fleurie. Un parfum floral accompagne chacune de mes promenades. On entend les oiseaux chanter. (Le silence, un mystère pour un Parisien, ou presque ;).) Les maisons sont magnifiques avec leur coquet jardin ou leurs arbres feuillus. Tout est tellement calme ici.

C'est petit Tourouvre. Tout ce que je cherche est à proximité. L'hôtel où je dors est en face de l'église où fut baptisé mon ancêtre. Et sur la première rue à gauche, le musée de l'Émigration française au Canada. C'est ce que je visite après avoir bombardé de flash la belle église de Tourouvre. Elle n'a pas le panache de Notre-Dame ou la splendeur de Sacré-Coeur, mais elle me touche. C'est ici que je me sens la plus près de François. C'est un sentiment étrange, comme si une partie de ce village m'appartenait aussi. Ce n'est d'ailleurs pas tant le musée lui-même que les ordinateurs disponibles qui m'ont le plus plu aux muséales de Tourouvre. Curieuse, j'ai pu découvrir de nombreux petits détails sur la vie de mon ancêtre François. Je marche ensuite dans les rues, m'imprègne des lieux, m'imagine à sa place; tout quitter à 25 ans, pour un continent inconnu! Les drapeaux du Québec et du Canada sur ma route me rendent fière. Ma soirée se termine par une délicieuse pizza, à deux pas de l'hôtel, servi par un adorable couple.

Je suis contente d'être passée par ici.