Mon père vient nous rejoindre à Berlin. On lui magasine les billets à distance et on prend la peine de préciser, à l'achat des billets en ligne, qu'il peine à se déplacer sur de longues distances.

Mon père pile sur son orgueil et accepte cette aide, qui lui enlève aussi un grand stress. Ce qu'on lui offre, c'est de le promener en chaise roulante dans les aéroports (il a un transfert à Montréal et à Munich). Aucune chance de se perdre et certitude d'arriver à temps. Du moins, c'est ce que nous pensions...


Mon père se présente à l'aéroport de Rouyn le 10 juillet. L'employé remarque le petit dessin de chaise roulante sur son billet et lui indique qu'il sera le premier à se rendre vers l'avion. Sans aide aucune. Il commence à marche, mais rapidement, des passagers circulent à gauche et à droite, autour de lui, pendant qu'il se rend, à son rythme, jusqu'à l'avion. Lorsqu'il y arrive (le dernier), l'hôtesse de l'air lui sourit et lui demande s'il avait besoin d'aide. Mon père, sans se faire prier, lui présente son billet. Elle s'excuse et lui promet qu'on s'occupera de lui à Montréal.

Arrivé à Montréal, une chaise roulante l'attend à la sortie de l'avion et une employée très gentille est là pour le pousser. Elle jase de tout et de rien avec lui, empruntant couloirs et ascenseurs. Mon père est maintenant bien relaxe quand la préposée s'arrête dans un espace pour personnes à mobilité de réduite. "Assisez-vous ici, qu'elle lui dit, l'autre vol viendra vous chercher." Elle s'éloigne avec la chaise roulante. Il est 19h45. Son vol est à 20h20. Il voit des gens qui vont et viennent avec des chaises roulantes, mais personne ne vient vers lui. Le temps passe. Quand 20h05 sonne, mon père décide de prendre les choses en main. Un jeune homme assis sur un petit "kart" de golf attend un peu plus loin et mon père l'a entendu offrir son aide à plusieurs passagers. Il lui demande donc s'il peut le conduire à la porte 58. Le garçon accepte avec plaisir. Ils partent ensemble de la porte 49, mais peinent à se faufiler entre les passagers. Beaucoup de gens circulent. Mon père voit le temps qui file. Il est convaincu qu'il va rater son vol. Il arrive à sa porte d'embarquement à 20h20 (soit l'heure de son départ). Cinq hôtesses de l'air attendent, l'air nerveux. Mon père leur tend leur billet et quand elles lisent son nom, il voit à leur expression que c'est lui qu'elles attendaient. Mon père leur dit "That's not very nice." avant d'ajouter pour lui-même : "Pas drôle pantoute." Il entre finalement dans l'avion et celui-ci décolle à 20h30.

À Munich, la même histoire se répète. En plus, on lui donne les mauvaises indications et il se retrouve en fil d'attente pour entrer dans la ville de Munich (alors qu'il a un avion qui l'attend). Quand il tend son billet au douanier, celui-ci lui s'aperçoit qu'il veut se rendre à Berlin. Il lui dit qu'il n'est pas au bon endroit et il ajoute en souriant qu'il a intérêt à se dépêcher parce que l'avion décolle bientôt. "Ben ben drôle", marmonne mon père en s'éloignant.

Mon père a donc dû marcher jusqu'à la porte 40 sans aucune aide. En se dépêchant, de peur de rater son vol. Il a réussi à prendre son avion - l'histoire se termine bien - mais avec du stress inutile et dépourvu d'une aide à laquelle il avait droit.

Un manque de communication entre les deux compagnie aériennes (celle de Rouyn et celle de Mtl) explique peut-être cette lacune importante, mais le fait est que si mon père n'avait pas pu marcher du tout ce jour-là, il aurait raté ces deux vols, " parké" dans l'espace aux personnes à mobilité réduite.

Et ça, ça me révollte.