Anecdote 1 : Quand nous avons quitté l'appartement de qualité moyenne que nous occupions à Prague, nous avions oublié de prendre en note les directives pour nous rendre à notre nouvel hébergement (un petit "cottage" à l'extérieur de Dresde). Heureusement, mon téléphone avait en mémoire les messages échangés avec notre hôte, alors par besoin de Wi-Fi. Je note l'essentiel et nous nous retrouvons sans trop de mal dans ce petit village. Les directives, une fois à notre arrêt de tram, se résument à : le "cottage" est à quelques pas de l'arrêt. J'ai le numéro de la maison : 3. Et ça tombe bien, il y a un numéro 3 en face de l'arrêt. Le nom de rue n'est pas exactement le même, mais c'est une question de quelques lettres, peut-être une erreur d'inattention. Nous nous rendons à la maison. La clé qui devait se trouver sous le tapis n'y est pas. On sait qu'une Japonaise est supposée vivre avec nous. Peut-être est-elle la? (L'hôte nous a prévenu qu'il serait au travail à notre arrivée.) Le hic c'est que cette dame japonaise ne parle ni anglais ni allemand (et sûrement pas français non plus). J'espère qu'elle a été prévenue de notre arrivée. Sinon, peu de chances qu'elle nous laisse entrer. Voilà le fil de mes pensées pendant que nous attendons devant la porte. Quand ma mère annonce, fébrile, que quelqu'un s'en vient, je vois une femne dans la soixantaine avancée ouvrir la porte. Visiblement nous l'avons réveillée. Et visiblement elle n'est pas japonaise. "Is it Frank's house?" Son "nein" me rend vraiment honteuse. Je reprense au nom de rue, à la clé absente, à son origine non-asiatique. Devant autant de faits accablants, nous aurions pu rebrousser chemin et la laisser dans les bras de Morphée... Ma mère se met à lui expliquer que "we rent a cottage", mais je l'interromps, mettons fin à ce moment de honte dès maintenant.

Avec du recul, et connaissant notre hôte, il aurait été impossible qu'il fasse une faute dans son adresse. N'empêche, le manque de précision de ses indications nous aura fait tourner en rond pendant une quinzaine de minutes. À 30 degrés et avec des valises, c'est jamais souhaitable.


Anecdote 2 (que le Wi-Fi merdique de notre autobus me force à réécrire). Nous attendons le tram, sans être 100% sûres d'être à la bonne place, au bon arrêt. Il y a bien une affiche, mais sans les heures de passage... étrange. Nous venons de croiser l'autre tram, nous avons grosso-modo 10 minutes à attendre. On prend quelques selfies : aujourd'hui on porte des coupe-vents. On est drôlement heureuses de ce temps froid. Finalement, le tram arrive au même moment où l'ingénieure en moi se rend compte que les rails du tram ne passent pas devant nous, mais à quelques pieds de nous. Impossible pour le tram de s'arrêter pour nous faire embarquer. Il nous faudrait marcher dans la ru.
Et c'est ce qui se produit. Le tram continue son chemin. Le chauffeur nous sourit. Je me retourne un tantinet, pour éviter les regards des passagers et fais face à un homme qui sort de sa cour et me parle. Mon réflexe est de crier. Surprise et honte d'avoir été vue. Ma mère se met à crier l'instant d'après (pendant que le tram s'éloigne), par solidarité (ou bien par peur de mon cri, je ne vois pas d'autres raisons). L'homme se met à rire, nous aussi. Mais vraiment fort. Et lui il nous parle allemand. Veut nous dire que l'arrêt est juste un peu plus haut sur la rue. Nous rions. Maman rit encore une fois que nous attendons au bon arrêt. Elle me dit que l'homme nous a sûrement vues de sa maison, en train d'attendre à la mauvaise place et de se prendre en photo. Mon orgueuil préfère ne pas croire à cette hypothèse.